Il y a une limite à être gentille

11 avril 2017

fleurs dans les arbres

Je ne pensais pas que ça existait, une limite à être gentille. Je ne sais pas si c’est supposé exister, mais je sais que c’est nécessaire. Dans mon cas, je n’ai pas compris tout de suite que c’était quelque chose que je devais instaurer, quelque chose qui n’était pas de ma faute, mais dont je souffrais. J’ai toujours su que je me souciais beaucoup des gens et que le contraire n’était pas toujours vrai. J’ai presque toujours donné plus dans mes relations que je recevais. Relations amicales, amoureuses, familiales même parfois. J’ai passé plusieurs années à me demander pourquoi je sentais ce rejet et à essayer de me détacher des gens. Et puis j’ai eu une révélation. (Bon, révélation est un grand mot là… j’ai pas eu d’ange qui est venu me parler pendant que je dormais dans une caverne.)

Pour mon anniversaire, récemment, j’ai reçu une superbe lettre de ma tante pour « la gentillesse en personne », disant qu’elle avait fait cette carte il y a longtemps sans jamais trouver LA personne à qui la donner. Pas besoin de vous dire que j’ai eu les yeux pleins d’eau. Et c’est là que j’ai réalisé que oui, c’est exactement l’adjectif qui me décrit : gentille. Et je ne dis pas ça genre je me pense bonne et je suis meilleure que les autres. Je dis juste que « gentille » (dans le sens de kind, pas de « Eille t’es dont ben fine! ») englobe plusieurs traits de caractère que j’ai (comme le fait d’être ben enthousiaste pour ramasser les canettes de bière le lendemain matin d’un party où j’suis restée coucher). Je ne sais pas encore si c’est positif ou négatif, être gentille. C’est probablement les deux. Positif pour les autres, ça c’est sûr, et un mélange de positif et de négatif pour soi, dépendamment des gens sur lesquels on tombe.

Je suis quelqu’un, en amitié, qui va tout faire pour te donner le maximum de temps, le maximum d’énergie, le maximum d’amour. Pas à en être étouffante ou bien parce que j’ai besoin de m’accrocher à des gens, mais juste parce que j’aime donner. Je m’investie, dans une relation. En colocation, je suis celle qui va faire plus de ménage quand elle sait que l’autre est débordée. Ça me fait plaisir de faire toute la vaisselle ou bien de choisir une tâche qui plait moins à ma colocataire parce que je sais qu’elle va être contente que ce soit fait. Je me soucis des autres et j’aime rendre leur vie plus facile.

J’ai eu des amis qui me rendaient mes efforts avec plaisir, qui parcouraient des kilomètres pour venir me voir et qui faisaient des efforts pour « garder la flamme intacte » (je n’ai pas trouvé de meilleure expression). J’ai aussi eu des amis qui voulait dont ben me voir, mais juste si c’est moi qui prenait congé et me déplaçait. J’ai eu des colocataires qui se rendaient compte de mes efforts et qui me rendait la pareille lorsque c’était mon tour d’être dans le jus. Et j’ai eu des colocataires qui s’en foutaient et qui semblaient penser que la salle de bain se lavait toute seule à chaque vendredi. (Présentement, je suis choyée côté colocation – et amitié -. Et je ne dis pas cela parce ma colocataire lit mes textes.)

Dans les party, j’étais la première à proposer de prendre le divan si quelqu’un voulait rester à dormir et j’aidais à ramasser les canettes vides le lendemain matin quand je restais à coucher. J’avais l’air de me chercher quelqu’un, paraît. Parce que je ne jouais pas la game d’être inaccessible et d’être bête quand un gars m’approchait. Parce que je trouvais du bon dans chaque personne et que chacun avait quelque chose à dire qui m’intéressait. J’aime les discussions, j’aime parler de ce qui me passionne et écouter quelqu’un parler de ce qui le passionne. J’aime aller plus loin que le small talk (j’vous prépare un article là-dessus, le turn off du small talk). Je me suis souvent demandé si mon incapacité à jouer la game de séduction du fuis-moi je te suis était ce qui faisait que j’étais célibataire.

Il y a une limite à être gentille. Quand tu te fais virer de bord, quand aucun de tes efforts est remarqué, quand on te fait manger de la merde en retour. Surtout, quand tu donnes, tu donnes, tu donnes toujours sans jamais recevoir. C’est difficile, quand on est une personne gentille, de ne pas se faire manger la laine sur le dos. Il faut faire le tri dans nos relations et faire attention. « trop bonne, trop conne », disait ma mère quand une situation comme ça lui arrivait. Parce que veux-veux pas, quand on donne, même si c’est vraiment désintéressé et que ça nous fait plaisir, on espère qu’on va recevoir le retour d’ascenseur un moment donné quand on va avoir besoin, nous aussi, de quelqu’un pour être là.

Le pire là-dedans c’est que les personnes comme ça n’ont souvent pas du tout conscience de ce que les autres font pour eux. Ils sont juste préoccupés par leurs problèmes, leur vie, et ils prennent pour acquis nos efforts. Alors si on arrête de leur donner notre énergie, ils ne s’en rendent même pas compte et ils font juste continuer de vivre, imperméable aux autres.

J’ai dû tempérer ma gentillesse. Au travail, quand je remplaçais tout le monde et que personne n’étais là pour prendre mon shift quand j’en avais besoin. Dans mes colocations, quand j’étais toujours celle qui faisait le double et même le triple de tâches, de lunchs, de services. Dans mes relations, quand je me rendais compte que j’étais celle qui faisait tous les compromis et que je donnais littéralement tout ce que j’avais comme énergie pour faciliter la vie de l’autre. Je me perdais là-dedans. Alors j’ai dis stop, j’ai fais le ménage dans mes relations et j’ai pris le temps de repérer les situations qui me faisaient sentir trop bonne, trop conne.

Et maintenant, quand ça m’arrive, je recule d’un pas dans l’investissement que je mets et j’en fais moins. Moins de ménage, moins d’heures au travail, moins de compromis. Je dis non et je mets des limites parce qu’il est tellement facile d’investir son énergie dans des choses et des gens qui ne le méritent pas. Et l’énergie qu’on déploie dans le néant, c’est comme une voiture dont on ne coupe pas le moteur : il va tourner jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’essence.

xx

Josiane .

By Josiane

Bloggeuse, étudiante, lectrice assidue, rieuse et adepte du bonheur, Josiane cherche continuellement de nouveaux trucs pour remplir son quotidien de magie et de bien-être. Elle retrouve son essence en nature et rêve de vivre de son écriture, installée dans une petite fermette de campagne.

2 Comments

  1. Répondre
    Julie lit au lit

    Je suis aussi dans la gang des gentilles et je me soigne. Je ne me souviens pas d’avoir entendu « trop bonne, trop conne » avant, mais je suis pas mal d’accord. Il faut mettre nos limites. Il y a certaines personnes avec qui ça n’a pas passé. Tant pis pour ces personnes! Ouste!

    1. Répondre
      Josiane

      Voilà, exactement!! C’est difficile de commencer à mettre des limites, mais une fois starté, ça va tellement mieux! Pis oui, ma maman a des expressions originales parfois , hahahah 😉

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