I’ve got my back ou Apprendre à s’aimer à 100%

14 novembre 2019

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Apprendre à s’aimer.

Ouais, c’est un sujet tendance parce qu’il est vraiment vraiment important. L’amour de soi, l’amour de son corps, de son esprit. L’acceptation de ses limites, de ses peurs et des bouts moins cute. L’acceptation qu’aujourd’hui, ce n’est pas une bonne journée, mais que demain on va être meilleure. Être capable d’être bien avec soi tout le temps.

J’ai déménagé dans ma région natale au début de l’été parce que tout mon corps et mon intuition me disaient que c’était la chose à faire. Je pensais que ça allait être une marche de santé, que ça allait être dur d’être loin de tous, mais que j’étais forte. Que j’avais déjà fait ça en partant sur un coup de tête rejoindre une amie à Moncton pendant 6 mois. Que d’atterrir dans une ville sans y connaître plus de 2 personnes, c’était un défi raisonnable.

Oh well.

C’est quand tu es constamment ta seule compagnie que tu réalises que tu ne peux pas juste t’aimer à moitié. Ou même à 90 %.

Je pensais être ben bonne. Je suis prof de yoga, je suis dans la gratitude constamment, dans le positif. J’accepte quand je me sens plus émotive, je me laisse vivre mes émotions plus négatives, je me donne de l’espace pour être imparfaite.

Et puis je me suis rendu compte que mon flot de pensées était souvent négatif envers mes erreurs ou mes choix passés et j’ai réalisé que j’étais juste bonne pour m’aimer au présent.

Wow. Fou hein ?

Sans m’en rendre compte, j’étais continuellement déçue ou honteuse de mon moi-passé. Je lui reprochais des décisions, des paroles, des gestes. J’étais en colère parce qu’elle avait laissé toute la vaisselle sur le comptoir, qu’elle pensait pouvoir gérer une fin de session, des stages de yoga, un déménagement et une préparation de voyage en même temps sans craquer (lol), qu’elle n’avait pas acheté de balais de neige avant la tempête annoncée depuis 1 semaine ou parce qu’elle avait eu trop peur pour faire les premiers pas avec un gars ben intéressant.

Alors j’ai décidé de me pardonner. Tranquillement. Chaque souvenir qui me retournait le ventre parce que j’avais blessé quelqu’un sans faire exprès, chaque moment où je n’avais pas vu quelque chose qui était évident, chaque opportunité qui était passée si près sans que je le réalise, chaque moment où la moi-passé avait fait tout son possible. Je lui ai envoyé de l’amour, tellement d’amour, comme si elle était ma petite sœur et que je lui disais que ses erreurs étaient correctes, qu’elle ne pouvait pas savoir, que tout allait bien aller. Et j’ai senti ce poids dans ma poitrine, cette boule dans ma gorge lentement disparaître. Je guérissais, je commençais à m’aimer mieux, à m’aimer plus.

Et puis j’ai lu un article sur l’amour pour notre futur-soi et j’ai réalisé que je n’étais pas très bonne non plus pour aimer mon futur-moi.

Ouaip.

Je prenais soin de moi-même au présent en me donnant le droit de ne pas faire la vaisselle lorsque je feelais pour ne rien faire. Je me donnais le droit de remettre à plus tard, sans me rendre compte que ce que je considérais être du self-care était en fait une façon de mettre beaucoup de pression sur mon futur-moi, de paver son chemin de dates limites trop courtes et de To-Do listes trop longues.

Alors j’ai retroussé mes manches.

Je me suis forcée à étudier un peu chaque jour, même si je n’en avais pas envie et que c’était ma seule journée réelle de congé de la semaine parce que je ne voulais pas que mon futur-moi vivre du stress à chaque semaine en voyant l’examen s’en venir. J’ai fait la vaisselle même lorsque la seule chose que je voulais était de m’enrouler dans une douillette et d’écouter un film. J’ai pris une heure dans ma journée de tempête (un congé de tempête, c’est sacré) pour avancer des plans de cours de yoga. J’ai pris le téléphone et j’ai appelé pour prendre mes rendez-vous. J’ai arrêté de remettre à plus tard des choses qui ne pressaient pas en me disant que si c’était sur ma liste de choses à faire depuis 2 mois, ça pouvait attendre. Parce que mon futur-moi mérite de respirer.

J’ai décidé de traiter mon futur-moi comme une meilleure amie, comme une coloc à qui je voudrais simplifier la vie au lieu d’être égoïste. Et toutes les tâches que j’effectuais au présent devenaient soudainement plus qu’une chose à barrer sur ma liste, elles devenaient des cadeaux que je m’offrais à moi-même, du stress que j’enlevais et un peu de  charge mentale que je partageais avec moi-même.

Je travaille pour m’aimer un peu mieux. Pour m’aimer en 3D, en 3 temps. Pour concilier l’amour et l’acceptation de ces trois personnes, pour trouver un équilibre dans tout ça. Et je réalise que je suis plus équilibrée, plus ancrée et plus douce envers moi-même. Que je suis moins égoïste dans mon bonheur présent. Je me sens plus forte et plus en sécurité face à qui je suis, autant dans le passé que dans l’avenir.

I’ve got my back.

Et une maudite chance, parce que c’est difficile, d’être à 600 km de toutes ses amies. D’habiter tout seule, de travailler peu en dehors de son appartement et d’être célibataire. Bien sûr, il y a des relations de travail qui se créent ici autour de points communs, mais ce n’est pas comme revenir le soir et s’écraser sur son divan avec une de ses meilleures amies pour écouter une série, après avoir passé une journée de marde, alors qu’elle vient de finir de cuisiner le souper. C’est arriver dans un appartement noir, te faire 2 toasts parce que tu n’as pas le goût de cuisiner, et t’écraser sur ton lit pour scroller Facebook jusqu’à ce que tu aies vu tous les nouveaux noms que tes amies ont tagués dans des publications où c’était avec toi qu’elles partageaient les inside jokes avant.

C’est être là à distance pour ton amie qui se fait semi-ghoster, puis ne plus avoir de nouvelles d’elle parce que finalement le gars est revenu, et l’apprendre une semaine plus tard dans sa story Instagram. C’est écrire des chapitres sur Messenger et recevoir un « haha ! » 6 heures plus tard, parce que la vie continue et que même si toi tu restes chez toi le vendredi soir, ce n’est pas le cas pour tout le monde. C’est voir que ton absence est plus ou moins oubliée face à de nouvelles relations, alors que toi tu sens un vide immense face à ceux que tu as laissés derrière.

C’est lire The Kissing Booth, pas (que) pour l’histoire d’amour, mais pour l’histoire d’amitié. C’est te lever le matin et te retrouver devant pas grand-chose parce que tu as terminé l’Université et te demander si c’est juste ça, la vie.

Je lisais un livre hier et le personnage principal disait que dans la vie, on n’avait besoin que de soi-même. C’est faux. On a besoin d’un tas de personnes. Mais parfois, on a juste soi-même pour un petit bout de chemin. Alors si on n’est pas capable de s’aimer à 100 %, en 3D et sur toutes les temporalités du monde, c’est long longtemps. C’est beaucoup de temps seul avec une personne qui est ton univers, mais que tu n’es pas capable d’aimer au complet, quelqu’un de qui tu ne peux jamais prendre de congé.

Et surtout, tu ne peux pas t’aimer un peu plus dans le regard de l’autre, parce qu’il n’y a personne. Il n’y a personne pour te donner un break de toi-même, pour te faire oublier ce que tu ne veux pas voir. Que toi face à toi-même.

Et c’est là que tu réalises qu’aimer quelqu’un à 100 %, 24 h/24, passé/présent/futur, c’est un plus gros défi que prévu.

But I’ve got my back.

Et je ne regrette pas du tout ma décision de déménager, malgré tout.

xx           Josiane

 

Image parBessi de Pixabay

By Josiane

Bloggeuse, étudiante, lectrice assidue, rieuse et adepte du bonheur, Josiane cherche continuellement de nouveaux trucs pour remplir son quotidien de magie et de bien-être. Elle retrouve son essence en nature et rêve de vivre de son écriture, installée dans une petite fermette de campagne.

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