La fois où j’ai passé 1 mois sur un Ranch

19 novembre 2019

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En mai et juin dernier, je suis allée passer 1 mois sur un ranch en Alberta.

Wtf, que tu te dis. Ouaip, mon entourage a eu la même réaction. Faut croire que j’ai trop écouter Heartland.

C’était une chose que j’avais sur ma bucket list, un cadeau que je m’offrais après avoir travaillé sans arrêt pendant 3 ans pour avoir mon diplôme de Bac. C’était la première fois que je partais en voyage toute seule, chez des inconnus en plus. J’avais passé les deux mois précédents à travailler d’arrache pied, deux fois plus que d’habitude, pour être certainede pouvoir avoir l’esprit tranquille une fois là-bas. Je voulais complètement décrocher.

Et wow, que j’ai été servie.

La propriétaire du ranch, une femme formidable du nom de Brenda, m’a dit que tous ceux qui allaient travailler sur sa propriété comme moi cherchaient quelque chose de différent. Certains y allaient pour les chevaux, d’autres pour apprendre l’anglais, d’autres pour explorer, trouver des animaux sauvages et faire toutes les randonnées. Moi? Je pensais y aller pour les chevaux. En fait, j’y allais surtout pour me reposer.

Le deal était que je travailles 5h par jour, 5 jours/semaine, en échange d’être logée et nourrie et d’avoir des cours d’équitation si j’en voulais. Le reste du temps, je pouvais faire ce que jedésirais. J’avais accès à une voiture et à la plage toute proche. Le wi-fi était seulement présent près du bâtiment bureau et le réseau cellulaire ne se rendait pas vraiment bien. C’était comme être dans une bulle. En plus de ne pas être dans mon élément, dans ma langue et avec des gens que je connaissais, j’étais coupée de tout ce qui ne concernait pas le ranch et les tâches que j’avais à faire.

J’ai lu 12 livres (romans choisis par mes soins) durant ce mois-là. 12 de plus que durant les 3 dernières années où chacune de mes secondes libres étaient occupées à lire des livres obligatoires ou des textes théoriques. J’ai repris goût à me salir, à m’asseoir dans la terre et à marcher dans la bouette. J’ai habitué dans une roulotte et la première chose que je faisais le matin, après m’habiller, était de sortir dehors. J’ai effectué des tâches habituellement simples avec une petite twist, comme faire la vaisselle sans avoir d’eau courante dans la cuisine (extérieure). Je me levais le matin et je ne savais pas du tout ce que la journée me réservait, sauf pour le fait que j’allais travailler 5h. Je me suis laissée gérer complètement. J’ai fait ce qu’on me disait de faire, j’ai saisi les opportunités qu’on m’offrait (aka les roadtrips sous la pluie) et j’ai mangé ce qu’on mettait sur la table. Deux des choses que je préférais : m’asseoir le matin sur la galerie avec Brenda, en silence, pour regarder les oiseaux et flatter les chevaux. Et aussi les roadtrips avec Ray (le mari de Brenda). L’humour de cet homme était parfait et il rendait les six heures de route si calmes et paisibles. J’ai conduis un Jeep, un pick-up, un 4 roues et un cheval et les quatre étaient la plus belle chose au monde. J’ai fait du yoga matinal dans la pelouse et dans les écuries, toujours rejointe par le chien de la famille qui venait salir mon tapis de ses pattes boueuses. J’ai contemplé. J’ai réappris ce que c’était d’avoir du temps et de ne rien faire (et pas scroller Facebook pendant 1 heure). J’ai réappris ce que c’était de ne pas être stressée et de respirer au rythme de la nature.

J’ai aussi beaucoup appris sur moi-même. J’ai appris que j’étais une personne extravertie autant qu’introvertie. Qu’une des choses que j’aimais le plus sur le ranch, c’était le flot continuel de personnes autour. Il y avait les employés, la famille, les gens en visite ou là pour prendre des cours. Tout le monde se saluait. Mais dès que je voulais un moment de silence, la terre était tellement immense que je pouvais m’isoler et entendre le silence. J’ai appris à me faire des amis avec les gens dans le même bateau que moi.

J’ai appris à déconnecter. Je ne sais pas si c’était si facile de me couper du Québec parce que j’étais ultra bien entourée ou si c’était parce que je savais que ce n’était que pour 1 mois, mais la vérité est que je vis la même chose en ce moment et que c’est mille fois plus difficile. Que mon cellulaire est continuellement dans ma main, prêt à me donner des nouvelles de mes amis éloignés.

Je suis partie de là en me promettant d’y revenir l’année prochaine. Mêmes dates, même endroit. Et même si l’Italie et l’Angleterre m’appellent, j’ai besoin de cette pause. Je comprends un peu mieux les gens qui partent 2 semaines dans le sud pour s’écraser sur une plage et recharger leurs batteries, sans organiser rien et sans aucun stress. Je pense à partir en voyage sac à dos et j’angoisse de toutes les préparations…

J’ai quitté en me promettant de garder cette paix, ce rythme lent avec moi et de prendre des cours d’équitation dans ma région. Malheureusement, c’est présentement une dépense que je ne peux me permettre et je le sens à chaque jour jouer sur mon moral. Je sens mon corps vibré du manque du contact avec les chevaux. Je pense au ranch à chaque jour depuis plusieurs semaines. Ils sont toujours dans un coin de mon cerveau.

Je ne sais pas si c’est parce que je suis loin de mes amis et que d’être à Rimouski ou en Alberta, ça ne ferait pas grande différence (sauf mettons devoir prendre l’avion pendant 9h au lieu de prendre ma voiture durant 6h, mais tsé). Ou parce que je suis souvent stressée et anxieuse et que je prendrais du calme. Ou que je trouve ça dur depuis plusieurs semaines et que j’aimerais lâcher prise et laisser le contrôle de ma vie à quelqu’un d’autre durant quelques mois. J’ai l’impression en ce moment que tout est continuellement cacophonique, que ma vie est bruyante, et je me souviens du silence de l’Alberta et j’ai le goût de sauter dans un avion et de parcourir la province en pick-up avec Ray.

Peut-être aussi que je suis juste dans la nostalgie de novembre. J’imagine le paysage blanc et silencieux du ranch, j’imagine des matins froids et la chaleur des chevaux et je me téléporterais demain matin.

Pas grand-chose à faire dans ce cas, je suppose, surtout quand c’est impossible pour le moment de faire de l’équitation. Porter mon chandail « Life is better in the Mountains ». Compter pour les Eskimos d’Edmonton au Football. Regarder Heartland. Écouter du country. Écrire une lettre à Brenda et Ray. Lire un livre. Dater un cowboy et lui demander de me donner des cours d’équitation gratuitement (lol).

Et mettre tous les sous de côtés possibles pour juin prochain.

xx

Josiane

By Josiane

Bloggeuse, étudiante, lectrice assidue, rieuse et adepte du bonheur, Josiane cherche continuellement de nouveaux trucs pour remplir son quotidien de magie et de bien-être. Elle retrouve son essence en nature et rêve de vivre de son écriture, installée dans une petite fermette de campagne.

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