Sauter dans le vide sans parachute

27 août 2017

Montgolfière de bonheur

Ce soir, j’ai appris la fin d’une relation amoureuse sérieuse dans mon entourage et j’ai eu un incroyable sentiment de peine pour cette personne. Cette personne allait se marier. Elle avait trouvé cette personne, celle avec qui on se sent assez solide pour franchir des océans et pour avoir des enfants. Ou peut-être pas, finalement.

Je dis souvent que « fuck l’amour », que j’arrête d’y croire à chaque couple qui se sépare, mais c’est le contraire que je ressens réellement. Je suis une éternelle romantique qui a envie de rencontrer un homme dans l’allée des surgelés à l’épicerie ou bien lors d’une soirée entre amis où l’alcool ne coule pas assez à flot pour brouiller le jugement. J’abhorre littéralement Tinder. Je ne suis peut-être pas de mon temps, tout simplement. Je ne souhaite pas les feux d’artifice et les déclarations d’amour enflammées, pas du tout. Je crois foncièrement que les actions parlent plus fort que les mots. Je veux juste… je ne sais pas. Du vrai. Du respect. Des étincelles. Mais c’est peut-être seulement de la naïveté, vous me direz.

Naïve, je le suis tellement. Oh que j’ai envie de plonger de tout mon être dans une relation amoureuse. J’ai envie de me laisser aller à croire les sourires espiègles, à échanger de longs regards complices et à rire jusqu’à en avoir mal aux joues. Mais j’ai assez plongé d’en haut du précipice, une confiance aveugle comme seul parachute, pour ensuite m’écraser brutalement sur le sol. J’hésite, maintenant. J’évite les mains tendues en une invitation vers de nouvelles aventures. Je regarde devant moi, désespérée de vivre plus que ça, mais terrorisée de rouvrir de vieilles blessures. Et plus j’avance, plus mes œillères se font rigides et plus elles m’empêchent de voir, même si je tourne la tête d’une manière affolée pour ne rien manquer.

Si seulement l’atterrissage désastreux pouvait se produire après des mois de descendante idyllique à regarder le paysage devant soi, une énorme bulle de bonheur comme montgolfière! Mais mes chutes à moi n’ont duré que quelques secondes, le temps de me rendre compte que la personne qui m’avait attiré sur le bord de la montagne me regardait plonger sans tenter de me secourir. Une chute brutale, les yeux fermés en attendant l’impact, sans vision de champs à perte de vue.

Je pense à cette personne de mon entourage, nouvellement célibataire, au début de sa trentaine. Elle qui avait tracé le chemin de son futur assez large pour deux et qui doit maintenant occuper tout cet espace toute seule. Elle qui doit renvoyer des faire-parts de mariage pour désinviter toutes les personnes, comme des petits morceaux de papier lui remettant son sentiment d’échec et de solitude en plein visage. Elle qui doit maintenant se relever après que sa montgolfière de bonheur ait explosée pour une raison que j’ignore.

Comment fait-on pour continuer d’y croire après une chute aussi brutale? Continuer d’avoir confiance que la prochaine personne qui va nous accompagner dans ce saut vers l’inconnu sera la bonne? Ou du moins, une bonne. Moi, je ne demande pas de rencontrer l’Homme avec un grand H. J’ai le temps. Je veux juste enfin une bonne expérience, juste pour que la petite voix qui me murmure de plus en plus fort à l’oreille que je ne suis pas assez ait tord. Qu’elle ne réussisse pas à empoisonner ma confiance de son venin. Que cette terreur refoulée puisse disparaitre et me laisser respirer un peu mieux.

L’espoir.

Tout simplement. La seule chose qui nous empêche de nous effondrer. Ce dire que oui, ça va arriver. Que cette fois, que cette personne sera la bonne. Qu’il nous prendra la main et qu’il ne la lâchera plus. Et que s’il le fait, ce sera doucement, en s’assurant que la chute ne soit pas trop brutale, trop violente, et que cette descente ne fasse pas partir notre confiance au vent. Notre confiance en nous, notre confiance dans le futur, notre confiance en l’autre.

J’écris ces quelques mots en pensant très fort à toutes ces personnes qui ont un énorme trou dans leur cœur, que ce soit parce que quelqu’un s’en est arraché brutalement en en emportant un morceau ou bien parce que personne n’est là pour remplir ce cratère. Ces personnes qui parcourent la vie la tête haute, souriant à tous, l’âme douce et remplie d’espoir, mais avec une solitude persistante. Ces personnes qui préfèrent être seules que mal accompagnées, mais qui commencent doucement à tituber sous le poids des battements de leur cœur qui angoisse de se faire oublier. J’écris ces mots en écoutant une playlist de Céline Dion et avec une grande tristesse mêlée à une légère panique. Parce que je sais ce que cette personne de mon entourage ressent. Je ne parle pas de sa peine d’amour, mais bien de ce sentiment d’urgence et d’impuissance face au temps qui s’écoule plus vite qu’une rivière en période de dégèle. Cette impression de ne pas faire assez, mais de ne pas pouvoir faire plus.

Alors j’écoute Céline Dion et j’espère qu’elle a raison lorsqu’elle dit que l’amour existe encore, parce que moi aussi je vois mon futur dans un chemin assez large pour deux. Et que je ne sais pas si, à trente ans, j’aurai la force de continuer à avancer avec tout cet espace vide autour de moi en gardant la tête haute, souriant à tous, l’âme douce et toujours remplie d’espoir. Peut-être que d’ici là, j’aurai planté des fleurs sur ce chemin pour en rapetisser sa dimension. Ou peut-être que je serai en train de voler dans ma montgolfière de bonheur, la main sellée dans celle de la personne qui aura réussit à me faire sauter en toute confiance du haut du précipice, une dernière fois. Je me le souhaite, en tout cas.

By Josiane

Bloggeuse, étudiante, lectrice assidue, rieuse et adepte du bonheur, Josiane cherche continuellement de nouveaux trucs pour remplir son quotidien de magie et de bien-être. Elle retrouve son essence en nature et rêve de vivre de son écriture, installée dans une petite fermette de campagne.

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